Association Les sauvetages de Laure et Lina, Adoption de chiens et de Chats

Dans les premiers jours de votre LouLou

Est-ce que, et comment loulou va s’adapter à sa nouvelle vie ?


Vous vous posez des tas de questions sur le comportement et l’adaptation de votre loulou à son nouvel environnement, adopté il y a quelques heures / jours / semaines Alors, inversons maintenant les rôles… Selon vous, arriveriez-vous à vous adapter en quelques heures / jours / semaines en passant de votre environnement géographique, climatologique et culturel, à une vie dans le coin le plus retiré du Népal ? (Du beurre doux/demi-sel au beurre de yack odorant). Rappelez-vous : votre chien n’est pas un humain. Les besoins liés à son espèce ne sont pas les mêmes que les nôtres.
En quelques mois, il a changé de vie 3 fois : sorti de la rue / champ de canne à sucre / squatt / famille maltraitante, puis, il découvre la vie en FA où il apprend les règles de l’humain. Il commence à apprendre qu’il peut faire confiance. Parfois, il changera même de FA pour diverses raisons et devra s’adapter à des règles différentes encore. Il arrive enfin chez vous (parfois après un voyage de 8000 km) et rebelote, nouvelle vie, nouvelles règles, changement climatique, odeurs différentes, bruits de la ville, et j’en passe. Pensez-vous qu’un animal soit capable en un temps record de s’adapter à tous ces changements ?
N’hésitez pas à vous imaginer au Népal, seul, sans téléphone, ni ordinateur, ni télé, pas de Netflix des aliments différents que votre estomac ne va peut être pas bien supporter, et à devoir boire du lait de yack …. Alors ⁉ Laissons leur le temps, respectons leur temps d’adaptation et respectons-les en ne voulant pas en faire des petits humains : ils sont nos chiens et leurs besoins sont spécifiques.

Voici un texte très juste, extrait du livre « Le chien, cet animal qui nous échappe » de Audrey Ventura

*** DANS LES PREMIERS JOURS DE L’ADOPTION… ***

Notre perception et notre ressenti des évènements ne sont pas les mêmes que ceux du chien domestique que nous venons d’adopter. Pour que l’adoption se déroule au mieux, il convient d’essayer de nous mettre à sa place. Le chien est un animal sensible. Comme nous, il est pétri d’émotions et emmené par des humeurs qui lui ont forgé une personnalité et un tempérament. Selon son âge, il a déjà vécu une histoire dont nous ne faisons pas encore partie. A l’échelle de sa vie, nous sommes arrivés depuis quelques secondes. Revoyons donc nos exigences à la baisse de manière générale.
Dans cette période critique pour lui et pour l’aider au mieux, voici quelques conseils généraux.
Le chien que nous venons d’adopter a subi un traumatisme grave : la rupture d’attachement avec ses premiers humains, son premier foyer. Parfois, c’est un chien qui malheureusement, a vécu plusieurs abandons successifs, dans des conditions difficiles (mise à l’attache en forêt, abandon sur la voie publique, errance de plusieurs jours, dénutrition, etc.). Ou, à contrario, n’a jamais eu de foyer et a vécu ses premières années dans la rue, en ayant certainement eu des expériences négatives avec les humains. Selon son âge et sa personnalité, il lui faudra du temps pour qu’il se lie de nouveau à des humains et qu’il considère notre maison comme la sienne.
Ce n’est pas contre nous. C’est juste que l’abandon laisse des traces et c’est bien normal lorsque l’on est un animal fidèle. Il ne sait pas que nous lui voulons du bien et que nous allons bien nous occuper de lui. Laissons-lui le temps de le découvrir seul, de l’expérimenter calmement, à son rythme. Car… tous ses repères viennent de voler en éclat. Les odeurs, les voix, les habitudes, les êtres qui l’entouraient (même malfaisants), etc. Tout lui est désormais étranger et pourrait l’effrayer.
C’est pourquoi dans les premières semaines, nous allons le laisser tranquille et nous contenter de balades en longe de dix mètres, sans rien exiger d’autre. Notre seule préoccupation restera son bien-être émotionnel, physique et physiologique. Pour les balades, mieux vaut l’attacher en longe dans les premiers temps car il a encore en mémoire son ancien foyer et les odeurs qui lui sont associées. Il pourrait vouloir les retrouver et donc, tenter de se sauver. Acceptons que dans les premiers temps, un chien domestique, même battu, voudra retourner vers l’humain d’attachement qui le maltraite. En cela, le chien domestique n’est pas très différent de l’enfant. Protégeons-le et gardons-le en longe. Nous l’aiderons beaucoup sur le plan émotionnel et affectif si nous comprenons vraiment que pour lui, la situation n’est pas forcément positive. Lui demander d’être reconnaissant envers nous et de nous obéir sous prétexte qu’il a été adopté est impossible. De son point de vue, il ne nous a rien demandé et réellement, il peut ne pas comprendre ce qu’il fait chez nous. L’attachement, la gratitude, la confiance se méritent et nous les recueillerons avec le temps et le respect mutuel.
Le bon engagement de l’adoption va se jouer dans les premiers jours. Suivons ces quelques conseils plus précis.
Offrons-lui d’abord une belle balade en longe de dix mètres avant de le ramener chez nous. Ayons la patience d’attendre qu’il ait fait tous ses besoins pour rentrer avec un chien soulagé, détendu. En maison, permettons au chien de découvrir d’abord le jardin et seul. Laissons-le explorer et marquer. Préalablement, nous aurons pensé à y placer une niche confortable avec des couvertures, des jouets de mastication, quelques petites friandises. Surveillons-le de loin mais laissons-le savourer en paix le calme et la solitude de son jardin, lui qui vient de passer plusieurs jours en refuge. Il est primordial qu’il aime cet endroit, qu’il s’y sente en sécurité et qu’il le découvre en premier.
Une fois détendu dehors, montrons-lui la maison, sa couche. Soyons cohérents et ne lui ouvrons pas les portes des pièces que nous souhaitons garder pour nous. Si le chien aura le droit d’aller là où il veut dans le foyer, pensons à lui présenter les pièces une par une (une par jour), surtout si la maison est grande. Nous allons l’aider progressivement à y prendre des repères positifs. Encore une fois, limitons les interactions pour ne pas le fatiguer et lui faire peur. Le premier repas sera pris plusieurs heures après, le soir voire le lendemain matin, une fois que notre chien à l’air à l’aise. Il s’agit d’éviter de le rendre malade à cause du stress. Ne lui donnons pas à manger trop rapidement. Évitons qu’il passe sa première nuit à vomir.
Nous l’aurons compris, à compter de l’arrivée chez nous, le chien adopté aura besoin de s’habituer à tout. Si « tout » lui est montré tout de suite, il pourrait avoir du mal à s’adapter et se sensibiliser (notamment à nos enfants ou aux autres animaux présents). Si un autre chien vit dans la maison, la rencontre aura lieu lors de la longue balade préalable à l’entrée dans le foyer. Un espace solitaire y sera aménagé pour chacun d’entre eux. Les autres animaux seront présentés au fur et à mesure. N’obligeons jamais notre chat à interagir. Aménageons-lui toutes ses commodités hors de la portée de ce chien qu’il ne connaît pas et dont il ne veut peut-être pas.
Le chien fraîchement adopté a besoin d’être rassuré mais cela ne passe pas par des caresses ou un flot de paroles, ni par des jeux, ni en le laissant tout faire. La sécurisation du chien signifie créer un ancrage positif, donner un cadre rassurant, des règles simples et justes et surtout, qui ne changeront pas. Prenons le temps d’expliquer à nos enfants, bien avant l’arrivée du chien, qu’ils devront le laisser tranquille pendant les premiers jours afin qu’il devienne un chien heureux de vivre avec eux.
Les premières nuits sont parfois pénibles pour le chien. Depuis plusieurs jours voire plusieurs semaines, il dort dans un endroit étroit et fermé (un box) auquel il a fini par s’habituer. Le laisser seul dans un lieu inconnu (surtout dans une grande pièce) toute la nuit peut se révéler difficile. Si nous n’avons pas l’intention de dormir dans la chambre avec lui plus tard, nous pouvons passer les premières nuit dans le canapé et lui, sur une couche confortable près de nous. Il sentira notre présence. Il saura qu’il n’est pas seul. La couche sera éloignée au fur et à mesure des nuits. S’il pleure, rassurons-le calmement en lui parlant. Il comprendra qu’il peut compter sur nous. Pensons aussi à lui offrir un doudou ou un jouet à lécher. Si nous avons décidé de faire dormir notre chien avec nous dans la chambre ou dans le couloir du haut, allons-y et ne laissons personne nous convaincre que c’est une mauvaise chose. Sachons quand même qu’une fois l’habitude prise, le retour en arrière sera difficilement envisageable.
Audrey Ventura – Tous droits réservés. Le livre « Le chien, cet animal qui nous échappe » est disponible ici : https://bit.ly/3t0W9ED